L’Université Islamique du Liban – Branche de Khaldé a accueilli la première conférence agricole intitulée « Justice et souveraineté sur l’alimentation et l’environnement – Le droit à l’alimentation et le génocide environnemental », organisée par le Mouvement Agricole au Liban, en coopération avec l’Union des Municipalités du Caza de Tyr – Unité de gestion des catastrophes, la Cellule d’intervention en cas de crise de l’Université Libanaise, le Groupe de travail socio-économique – Siyak, le Réseau Siada et le Réseau Arabe pour la Souveraineté Alimentaire.
Allocutions d’ouverture
Après une présentation du journaliste Ayman Dandash, la conférence s’est ouverte par une minute de silence à la mémoire des martyrs de l’agression israélienne contre le Liban, suivie de l’hymne national libanais.
Le Dr Ghassan Jaber, représentant l’Université Islamique, a affirmé que « cette conférence met en lumière les graves dommages subis par le secteur agricole à la suite des attaques israéliennes, notamment dans les régions du sud ».
Mme Sara Salloum, présidente du Mouvement Agricole au Liban, a déclaré que la conférence « vise à mettre en évidence la réalité de l’agriculture et les difficultés qui affectent directement la sécurité alimentaire nationale ».
L’ingénieure Razan Zaiter, représentant le Réseau Arabe pour la Souveraineté Alimentaire, a appelé à « lancer des conférences permanentes qui renforcent la priorité de l’agriculture dans les politiques gouvernementales, en considérant la sécurité alimentaire comme une question nationale et stratégique ».
M. Adel Saad, vice-président de l’Union des Municipalités du Caza de Tyr, a souligné que « la conférence constitue une étape essentielle pour restaurer les politiques nationales en matière de sécurité alimentaire et renforcer la souveraineté sur les ressources ».
Sessions et interventions
La conférence s’est articulée autour de plusieurs sessions spécialisées :
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Lors de la première session, présidée par Bachar Abou Saifan, le Dr Riyad Saadé a présenté une conférence diagnostiquant la réalité agricole au Liban, en insistant sur la nécessité de statistiques précises pour relever les défis du secteur.
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Une session intitulée « Souveraineté alimentaire et environnementale dans la course régionale », présidée par Murad Ayash, a réuni l’ingénieure Razan Zaiter (Palestine), le chercheur Wael Gamal (Égypte – via Zoom), Ali Aznag, coordinateur du Réseau Siada, et la Dr Carla Khattar au nom du Conseil National de la Recherche Scientifique Agricole, qui a présenté une évaluation scientifique des dommages environnementaux causés par l’agression israélienne au Liban.
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Dans une session intitulée « Agriculture, travail et terre », présidée par Sara Salloum, la Dr Mona Khachane a évoqué les défis liés à la préservation des terres agricoles, suivie du Dr Kanj Hammadeh sur les questions de réforme agraire, tandis que Corinne Jabbour et Serge Harfouche ont présenté les initiatives de l’association Jibal et de l’association Nos Semences, Nos Racines.
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Une session spéciale intitulée « La justice internationale face au génocide environnemental et au pillage des ressources » a accueilli deux interventions majeures : celle de Bassam Al-Kantar, commissaire aux relations internationales et aux médias à la Commission Nationale des Droits de l’Homme au Liban, et celle du Dr Omar Nashabe sur le rôle des cadres internationaux dans la lutte contre le génocide environnemental.
Intervention d’Al-Kantar
Dans son intervention intitulée « L’accès à une alimentation saine et à un environnement sûr comme droits humains fondamentaux », Al-Kantar a souligné que le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels garantit, dans ses articles (11) et (12), le droit à une alimentation adéquate et à un environnement sain, en insistant sur l’indivisibilité de ces droits.
Il a mis en avant le rôle des institutions nationales des droits de l’homme dans le respect, la protection et la mise en œuvre de ces droits, à travers le suivi des politiques publiques, la reddition de comptes des autorités et la régulation des pratiques du secteur privé.
Il a également appelé à l’adoption du projet de loi présenté par la députée Inaya Ezzeddine sur « Le droit à l’alimentation et la création du Conseil National des Systèmes Alimentaires », qui prévoit la mise en place d’un comité permanent pour protéger ce droit au sein de la Commission Nationale des Droits de l’Homme.
Recommandations
Al-Kantar a présenté une série de recommandations clés, notamment :
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Adoption d’un cadre législatif et réglementaire pour le droit à l’alimentation : faire avancer le projet de loi sur le droit à l’alimentation et la création du Conseil National des Systèmes Alimentaires, garantissant une référence juridique contraignante avec des mécanismes clairs de mise en œuvre.
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Création d’un comité permanent spécialisé : activer le « Comité de protection du droit à l’alimentation » au sein de la Commission Nationale des Droits de l’Homme et lui fournir des ressources adéquates.
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Intégration du droit à l’alimentation et à l’environnement dans un Plan National des Droits de l’Homme (2026–2030) : en faire une politique publique contraignante avec des indicateurs clairs de suivi et de mise en œuvre.
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Assurer l’indépendance de la Commission Nationale des Droits de l’Homme : la protéger contre toute ingérence politique ou exécutive.
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Renforcement de la protection des groupes les plus vulnérables : inclure les enfants, les femmes, les réfugiés, les personnes handicapées et les petits agriculteurs dans les politiques de sécurité alimentaire et environnementale.
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Mécanismes de responsabilité internationale : appel à un mécanisme international indépendant pour enquêter sur les violations liées à l’agression israélienne au Liban et à Gaza, y compris les crimes environnementaux et alimentaires, et traduire les responsables devant la Cour pénale internationale.
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Intégration de la dimension environnementale dans la justice transitionnelle : reconnaître la destruction de l’environnement comme un crime systématique dans les conflits armés et l’inclure dans les cadres de responsabilité.
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Établissement d’une base de données nationale : développer des mécanismes nationaux de suivi et de documentation, en coopération avec les municipalités et la société civile, afin de créer des données précises sur les violations alimentaires et environnementales.
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Lancement d’un plan d’urgence alimentaire et environnemental : assurer l’accès à l’alimentation, à l’eau et aux soins de santé en période de crise et de guerre.
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Renforcement des partenariats et de la coopération internationale : consolider la collaboration avec les organismes des Nations Unies, les mouvements agricoles et les organisations de la société civile pour échanger des expertises et coordonner les efforts de protection des systèmes alimentaires et de lutte contre les défis environnementaux.
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